La France est connue pour avoir des lois parmi les plus strictes d’Europe concernant la consommation de marijuana – tout en maintenant simultanément l’un des taux les plus élevés de consommation de cannabis dans l’UE.
Un groupe de sénateurs français – issus des partis socialiste, vert et Les Républicains de centre-droit – tente de changer ces lois et s’est réuni pour demander la légalisation de la marijuana en France.
Le groupe de 31 sénateurs a co-signé une déclaration publiée dans le journal français, Le Monde, le mercredi 10 août.
Dans cette déclaration, les sénateurs promettent de lancer un “processus de consultation” pour soumettre un projet de loi visant à légaliser la marijuana “dans les prochains mois”.
La proposition était dirigée par le sénateur Gilbert-Luc Devinaz, membre du Parti socialiste, et a obtenu le soutien du chef du parti, Patrick Kanner.
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Un rapport de l’Assemblée nationale, publié en mai 2021, estimait que près de 18 millions de Français (plus de 25 % de la population) avaient déjà consommé de la marijuana, et que 1,5 million supplémentaire en consommait régulièrement.
Ce constat, couplé à celui de 2019 selon lequel près d’un Français sur deux (45 %) se disait favorable à la légalisation, selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), a contribué à renforcer la position des sénateurs.
“L’opinion publique est prête, le législateur doit agir”, ont-ils écrit.
Leurs sénateurs soutiennent que la légalisation de la marijuana en France permettra aux autorités de mieux protéger les citoyens français, affirmant que la légalisation ne nécessiterait pas de “minimiser les impacts sanitaires de la consommation de cannabis” mais permettrait plutôt une régulation similaire aux “politiques publiques pour le tabac, l’alcool ou les jeux d’argent.”
Pour le groupe de 31 sénateurs, les bénéfices de la légalisation passeraient par un meilleur contrôle de la “qualité sanitaire des produits consommés”, “l’endiguement du trafic dans les zones défavorisées”, le développement de plans de prévention à grande échelle”, et enfin la taxation des produits du cannabis et la réorientation des moyens de répression. La décriminalisation – selon eux – ne serait pas suffisante car elle ne ferait que “priver les autorités de la capacité d’agir”, contrairement à la légalisation.
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“A long terme, de nouvelles recettes fiscales seraient générées par le commerce du cannabis et par les économies réalisées dans les secteurs de la justice et de la police”, ce qui permettrait de mobiliser “des ressources importantes pour la prévention ainsi que pour la réhabilitation et le développement économique”, écrivent les sénateurs.
En France, la conversation autour du cannabis a évolué ces dernières années – l’ancien ministre de la Santé (et actuel porte-parole du gouvernement) Olivier Véran a déclaré à France Bleu en septembre 2021 que “les pays qui sont allés vers la légalisation ont des résultats meilleurs que ceux de la France ces dix dernières années”, ajoutant qu’il était intéressé par l’utilisation thérapeutique potentielle du cannabis.
Actuellement, cette drogue est illégale en France. Auparavant, elle tombait sous le coup d’une loi de 1970 sur l’usage illicite des drogues, qui la rendait passible d’une peine pouvant aller jusqu’à un an de prison et d’une amende pouvant atteindre 3 750 euros.
Cependant, en 2020, le gouvernement a adouci les sanctions, permettant aux personnes prises en train de la consommer d’opter pour une amende sur place de 200 €.
Un essai est également en cours auprès de 3 000 patients pour tester les impacts de l’usage de la marijuana médicale, notamment en ce qui concerne le soulagement de la douleur.